
la cheffe des députés de La France insoumise Mathilde Panot à l'Assemblée nationale, le 30 juin 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
Faut-il désarmer les polices municipales? À moins d'un an des élections municipales de 2026, la proposition de la cheffe des députés de La France insoumise Mathilde Panot créé la polémique - et reste loin de refléter l'état d'esprit des possibles candidats insoumis sur le terrain.
"Une police municipale de proximité n'a pas besoin d'être armée", a déclaré Mathilde Panot dimanche sur BFMTV, rappelant que La France insoumise souhaitait que la police municipale soit réintégrée dans la police nationale "avec une police de proximité".
"Une police de proximité, ça a existé, ça fonctionnait extrêmement bien et nous regrettons qu'elle ait été démantelée", a-t-elle insisté, rappelant qu'une présence de la police nationale armée restait la règle.
"Traduction: avec cette gauche, vous n'aurez plus le droit à la sécurité. La gauche sans le peuple", a rapidement réagi sur X le ministre de la Justice Gérald Darmanin (Renaissance).
"LFI fait le choix de l'insécurité dans nos communes!", a pour sa part accusé la présidente (LR) de la région Île-de-France Valérie Pécresse.
À gauche, pas vraiment de soutien non plus pour cette proposition.
"Je ne me mettrais pas derrière un maire insoumis qui annoncerait qu'il va supprimer la vidéoprotection ou qu'il va supprimer l'armement des policiers. Ça n'a aucun sens. Comment peut-on même l'imaginer?", a critiqué de son côté le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Car Mathilde Panot a également estimé que les caméras de surveillance "n'ont jamais prouvé leur utilité".
Interrogé lundi sur TF1 , le coordinateur du mouvement Manuel Bompard n'a pas franchement répondu sur un possible désarmement des policiers municipaux dans les communes qui passeraient sous pavillon insoumis au printemps 2026, se concentrant sur sa "préférence pour de la présence humaine" par rapport à la vidéosurveillance.
"C'est beaucoup plus efficace pour lutter contre les problèmes d'insécurité", a-t-il insisté.
Car le sujet du désarmement de la police municipale ne fait pas l'unanimité dans le mouvement de gauche radicale, où une dizaine de députés se préparent à être têtes de liste l'année prochaine.
- "Chacun se positionnera" -
"Il faut des gages de sérieux. Il y a une demande de bonne gestion de la ville de la part des habitants. Moi je ne pourrais pas désarmer ma municipale par exemple", indiquait récemment l'un d'eux à l'AFP.
"Ça ne sera pas un tabou la délinquance, loin de là. Je ne proposerais pas de désarmer la municipale", ajoutait un autre.
"La réalité locale impose de ne pas désarmer la police municipale de Roubaix, compte tenu de l'augmentation de ses missions et de ses responsabilités", précise pour sa part à l'AFP David Guiraud, candidat dans la ville du Nord, en précisant que "les policiers municipaux font un usage de leur arme nettement inférieur à celui des policiers nationaux".
Cet hiver le député et cadre insoumis Louis Boyard, candidat à une municipale partielle à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), ne proposait pas de désarmer la police municipale en cas de victoire.

Le sujet du désarmement de la police municipale ne fait pas l'unanimité dans le mouvement de gauche radicale ( AFP / Fred TANNEAU )
Au même moment, les Insoumis publiaient leur "boîte à outils programmatique", une longue série de propositions, pour les élections de 2026, sur lesquelles ils comptent pour améliorer leur implantation locale à un an de la présidentielle.
Parmi ces idées, figurait la volonté de "refuser l'armement létal des policiers municipaux". Ce qui pour les Insoumis inclut les armes à feu et les lanceurs de balles de défense (LBD).
"On veut retirer des armes létales, ça ne veut pas dire empêcher les policiers municipaux de se défendre", explique pour l'AFP le député et co-responsable du programme de LFI, Hadrien Clouet.
"Mathilde Panot a repris une des propositions de la boîte à outils. Après chacun se positionnera, il faudra des délibérations locales", nuance-t-il également.
Les Insoumis ne sont pas le seul parti à être traversé par des hésitations sur cette question, alors que la gauche fait régulièrement face aux accusations de laxisme, venues de la droite et de l'extrême droite, sur la question de la sécurité.
Les Écologistes, qui ont remporté plusieurs grandes villes lors des dernières élections de 2020, sont eux-mêmes partagés.
À Grenoble, le maire et porte-parole du parti vert Éric Piolle refuse d'armer sa police municipale. À l'inverse à Bordeaux, le maire Pierre Hurmic a annoncé l'année dernière qu'un quart de ses 200 agents seraient dorénavant dotés d'armes à feu.
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