
Visite du président français Macron en Grande-Bretagne
par Elizabeth Pineau
Emmanuel Macron a entamé mardi au Royaume-Uni une visite de trois jours que la France place sous le signe des "re-convergences", cinq ans après le "Brexit" et face aux nouveaux défis que constituent la guerre en Ukraine et le changement de posture des Etats-Unis vis-vis du continent européen.
Le président français et son épouse Brigitte ont été accueillis à la base aérienne de Northolt par le prince et la princesse de Galles, avant de prendre en voiture la direction de Windsor où les attendaient le roi Charles et la reine Camilla.
Les hymnes des deux pays ont retenti au cours d'une cérémonie protocolaire déroulée sous le soleil en présence de soldats des trois armées et de quelque 70 chevaux.
Emmanuel Macron et le roi ont pris place à bord d'une calèche d'où ils ont salué la foule sur le chemin du château de Windsor où un dîner d'Etat est prévu ce mardi.
Histoire et symbole marqueront cette visite d'Etat, première du genre depuis celle de Nicolas Sarkozy en 2008 et première d'un chef d'Etat européen depuis le Brexit.
Le séjour que le couple royal avait effectué en France en septembre 2023 avait été notamment l'occasion de séquences dédiées à la défense de l'environnement, thème cher à Charles, souverain francophile et francophone.
A Londres cette semaine, la visite présidentielle sera marquée par un discours devant les membres du Parlement réunis à Westminster et des moments de recueillement devant les statues de Winston Churchill, du Général de Gaulle ainsi que sur la tombe de la reine Elizabeth II.
Le chef de l'Etat devrait saluer dans son intervention le "reset" ("réinitialisation") déclenché par Keir Starmer dans sa relation avec l'Europe et la participation active du royaume à la Communauté politique européenne.
Des thèmes d'actualité comme la défense, le commerce, l'énergie et les migrations seront abordés par Emmanuel Macron et le Premier ministre Keir Starmer, qui se verront à déjeuner mercredi et passeront ensemble la journée du lendemain dans le cadre d'un sommet franco-britannique qui verra une demi-douzaine de ministres traverser la Manche pour voir leurs homologues.
L'OMBRE DE TRUMP
Des annonces sont possibles sur le délicat dossier des migrants qui tentent d'entrer illégalement au Royaume-Uni au départ de la région de Calais, dans le nord de la France.
Depuis le début de l'année, plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche soit une hausse de 48% sur un an, un record qui pourrait amener Paris à modifier les règles afin de permettre aux forces de l'ordre d'intercepter les embarcations jusqu'à 300 mètres des côtes - là où le droit international de la mer interdit toute action une fois qu'un bateau est à l'eau.
Les deux capitales travaillent également à un programme d'échange de migrants.
Alors que plus de 1.200 gendarmes français et plusieurs navires sont mobilisés pour prévenir ces traversées, Paris insiste sur plusieurs aspects : la lutte contre les trafics, la prévention des départs et le traitement des "causes profondes des facteurs d'attraction au Royaume-Uni".
Des annonces sont par ailleurs possibles en matière d'énergie, alors qu'EDF est pressenti pour construire deux réacteurs nucléaires EPR sur la centrale de Sizewell.
"La coopération en matière de nucléaire civil est l'un des axes essentiels de la relation franco-britannique et le Sommet devrait à nouveau pouvoir l'illustrer", a dit l'Elysée.
Après une matinée passée à Downing Street, Emmanuel Macron et Keir Starmer se rendront sur la base de Northwood, siège du commandement maritime de l'Otan où ils participeront à une session de la "coalition des volontaires pour l'Ukraine" en lien par visioconférence avec le président ukrainien Volodimir Zelensky, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz, notamment.
Besoins immédiats de Kyiv, déploiement de forces et perspective de cessez-le-feu seront à l'ordre du jour, une semaine après l'entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine, qui ne s'étaient pas parlés officiellement depuis 2022.
Paris insiste sur les "intérêts partagés" avec Londres en matière de défense, dans la mesure où les deux pays sont détenteurs de l'arme nucléaire et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
L'ombre du président américain Donald Trump, annoncé en visite d'Etat au Royaume-Uni en septembre, planera sur la visite d'Emmanuel Macron, à l'heure de la hausse de la part des dépenses européennes dans l'Otan et des ultimes négociations sur les droits de douanes que les Etats-Unis veulent imposer au reste du monde.
(Reportage Elizabeth Pineau, avec Gonzalo Fuentes à Windsor, édité par Kate Entringer)
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