
France: Bayrou survit à une huitième motion de censure à l'Assemblée
Le Premier ministre, François Bayrou, a échappé mardi à l'Assemblée au couperet d'une huitième motion de censure depuis son arrivée à Matignon, un texte déposé par les socialistes après la fin du "conclave" sur la réforme des retraites.
Au total, 189 députés ont voté ce texte, loin des 289 voix nécessaires pour faire tomber le gouvernement.
Tous les groupes de gauche - socialistes, France insoumise, communistes et écologistes - ont approuvé la motion, qui n'a en revanche pas reçu le soutien du Rassemblement national, premier groupe d'opposition au Palais-Bourbon.
La motion de censure dénonce l'"échec du dialogue social (...) dû à l'intransigeance des organisations patronales" et attaque la "méthode" Bayrou "dont les différentes déclarations sont venues successivement contraindre les travaux du conclave et contredire sa propre parole", en excluant notamment en mars tout retour à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
"Vous ne pouvez pas bafouer impunément le dialogue social", a déclaré dans l'hémicycle la députée PS Estelle Mercier.
François Bayrou a pour sa part refait à la tribune le bilan des "avancées" obtenues lors des quatre mois de négociations entre partenaires sociaux pour aménager la réforme des retraites de 2023, qui feront l'objet d'un texte examiné à l'automne dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale.
La CFDT, premier syndicat du pays, a refusé de revenir à la table des négociations pour parler financement et pénibilité.
En matière de financement des retraites, "la situation ne peut plus continuer, au risque d'une guerre des générations, un péril mortel pour notre modèle social, pour notre économie et au bout du compte pour notre République", a dit aux députés le Premier ministre centriste de 74 ans nommé à Matignon en décembre.
"Le gouvernement n'est pas là pour être dans le confort, être tranquille, échapper à des motions", a aussi déclaré François Bayrou, qui présentera après le 14-Juillet les grandes lignes du budget 2026 censé permettre 40 milliards d'économies.
"C'est parce que les temps sont durs que nous devons avancer ensemble", a-t-il conclu.
NOUVELLE DISSOLUTION
Le Rassemblement national répète que la question des retraites n'est pas un motif de censure, à la différence de celle du budget à l'automne, tout en laissant planer la menace.
"Nous censurons, nous, quand c'est utile pour le pays", a dit à l'Assemblée le député RN Gaëtan Dussausaye.
La semaine prochaine marquera le premier anniversaire du second tour des élections législatives anticipées, le 7 juillet 2024, ouvrant la voie à une nouvelle dissolution si le président Emmanuel Macron en décidait ainsi.
Le chef de l'Etat, très critiqué pour avoir provoqué l'avènement d'une assemblée morcelée, a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de renouveler l'expérience.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l'invite à provoquer de nouvelles élections législatives.
"Je vois pas comment quelque chose de sain peut émerger d'ici à 2027", a-t-il dit lundi sur Cnews. "Le pays n'avance pas, la France continue de décliner et les urgences quotidiennes des Français - sécurité, immigration, pouvoir d'achat - continuent de se dégrader".
Toujours haut dans les enquêtes d'opinion à dix mois des élections municipales et deux ans de l'élection présidentielle, le parti d'extrême droite dit se préparer à gouverner et revendique plus de 100.000 adhérents ainsi que la pré-sélection d'une grande partie de ses candidats aux législatives, si une dissolution avait lieu demain.
La triple candidate à l'Elysée et présidente du groupe RN à l'Assemblée, Marine Le Pen, a fait appel de sa condamnation à une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire dans le cadre de l'affaire des assistants parlementaires du Front national.
Si l'élue du Pas-de-Calais était empêchée, Jordan Bardella, 29 ans, pourrait la remplacer dans la course à l'Elysée.
Des élections législatives anticipées mettraient un coup d'arrêt à la longue carrière politique de Marine Le Pen puisqu'elle ne pourrait pas se présenter à la députation.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)
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