
Une banderole avec les portraits de responsables militaires iraniens tués pendant la récente guerre avec Israël appelle à participer à une procession funéraire prévue le 28 juin, le 26 juin 2025 à Téhéran ( AFP / ATTA KENARE )
L'Iran a affirmé jeudi qu'aucun "plan" n'existait encore pour une reprise des négociations sur le nucléaire avec les Etats-Unis, contrairement à ce qu'avait annoncé Donald Trump après le cessez-le-feu qui a mis fin à 12 jours de guerre entre Téhéran et Israël.
Un sixième cycle de négociations sur le programme nucléaire de l'Iran, prévu le 15 juin via la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé en raison de la guerre déclenchée deux jours plus tôt par l'attaque israélienne contre l'Iran.
"Les spéculations sur la reprise des négociations ne doivent pas être prises au sérieux", a déclaré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, à la télévision d'Etat.
"Je voudrais dire clairement qu'aucun accord ou arrangement n'a été conclu en vue de commencer de nouvelles négociations. Il n'y a pas encore de plan pour commencer des négociations", a-t-il insisté.
Le président américain avait évoqué mercredi une reprise prochaine des négociations. "Nous allons parler la semaine prochaine avec l'Iran, nous pourrions signer un accord", avait-il dit.

Des Iraniens participent aux funérailles d'un soldat tué par une frappe israélienne pendant la guerre de 12 jours entre l'Iran et Israël, à Téhéran le 26 juin 2025 ( AFP / - )
Téhéran, qui a réaffirmé ses "droits légitimes" à développer un programme nucléaire civil et dément vouloir se doter de l'arme atomique, s'était dit prêt à reprendre les discussions avec Washington sur un accord encadrant son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions frappant son économie.
Un précédent accord conclu entre l'Iran et les grandes puissances en 2015 afin d'encadrer le programme nucléaire de l'Iran était devenu caduc après le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018, sous le premier mandat de Donald Trump.
- "Gifle cinglante" -
Jeudi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a relativisé l'impact des frappes menées dimanche à l'aube par les Etats-Unis, en soutien à Israël, sur les sites nucléaires de son pays, dans sa première apparition publique depuis la fin de la guerre mardi.

Photo obtenue auprès de l’agence de presse du pouvoir judiciaire iranien, Mizan Online, le 25 juin 2025, montrant une pelleteuse en train de déblayer les gravats devant le complexe pénitentiaire d’Evine, à Téhéran, touché il y a quelques jours par une frappe israélienne ( mizanonline / Mostafa Roudaki )
Les Etats-unis "n'ont rien gagné de cette guerre", a-t-il affirmé, ajoutant que "la République islamique l'avait emporté et, en représailles, infligé une gifle cinglante au visage de l'Amérique".
Il a estimé que le président américain avait "exagéré" l'impact des frappes, selon lui "nullement importantes".
M. Araghchi a cependant reconnu jeudi soir que des dégâts "importants" avaient été infligés aux installations nucléaires, ajoutant que les experts de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne "procèdent actuellement à une évaluation détaillée des dégâts".
"La discussion pour exiger des dommages" figure désormais en bonne place dans l'agenda du gouvernement, a-t-il ajouté.
Après avoir affirmé mercredi que le programme nucléaire iranien avait été retardé de "plusieurs décennies" par ces bombardements, M. Trump a affirmé jeudi que "rien n'a été évacué" des sites visés avant les frappes.
"Cela prendrait trop de temps, serait trop dangereux et serait très lourd et difficile à déplacer", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Capture vidéo du discours guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le 26 juin 2025 ( IRIB NEWS AGENCY / - )
D'après des experts, il est possible que l'Iran ait anticipé l'attaque américaine en évacuant ses quelque 400 kilogrammes d'uranium enrichi à 60%, un niveau proche du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.
Selon un document secret-défense dévoilé mardi par CNN, les frappes auraient scellé les entrées de certaines installations sans détruire les bâtiments souterrains, retardant le programme iranien de seulement quelques mois.
La Maison Blanche a confirmé l'existence du rapport mais l'a qualifié de "tout à fait erroné".
- "La voie du dialogue" -

Des manifestants iraniens célèbrent le cessez-le-feu avec Israël, le 24 juin 2025 à Téhéran ( AFP / ATTA KENARE )
Israël avait lancé le 13 juin une attaque aérienne massive sur l'Iran, dans l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire.
Selon un bilan officiel iranien, les frappes israéliennes ont tué au moins 627 civils et fait plus de 4.870 blessés.
L'Iran a riposté par des tirs de missiles et de drones, qui ont fait 28 morts en Israël.

Photo satellitaire fournie par Planet Labs PBC et datée du 22 juin 2025, montrant le site nucléaire de Natanz, dans le centre de l'Iran, après des frappes américaines ( Planet Labs PBC / - )
A Téhéran, des Iraniens confiaient leur soulagement mais aussi leur inquiétude après le cessez-le-feu.
"Je pense que la paix persistera du côté de l'Iran, mais les Israéliens n'ont jamais tenu leur parole. Si Dieu le veut, ils tiendront parole cette fois-ci", déclarait à l'AFP un vendeur de 39 ans prénommé Saeed.
Pour le porte-parole de l'armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, le conflit a porté un "coup dur" au programme nucléaire de Téhéran mais il est "encore tôt pour évaluer les résultats de l'opération".
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a également jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts et réclamé un accès aux sites. L'agence onusienne "a perdu la visibilité (sur les stocks d'uranium enrichi) à partir du moment où les hostilités ont commencé", a expliqué mercredi son directeur général, Rafael Grossi.
Après un vote mercredi du Parlement iranien en faveur d'une suspension de la coopération avec l'AIEA, le Conseil des Gardiens, en charge d'examiner la législation en Iran, a approuvé jeudi le texte de loi, qui doit être transmis à la présidence pour ratification finale.
"Il n'y a pas de doute sur l'application de cette loi", et "désormais notre relation et coopération avec l'Agence va prendre une autre forme", a affirmé M. Araghchi.
Voyant un "très mauvais signal", l'Allemagne a appelé Téhéran à ne pas suspendre cette coopération et la France l'a exhorté à reprendre "sans délai la voie du dialogue" et la coopération avec l'agence de l'ONU.
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