
Le président du groupe parlementaire UDR Eric Ciotti s'exprime sur scène au Casino de Paris, à Paris, le 24 juin 2025 ( AFP / Julie SEBADELHA )
Les députés du groupe UDR, allié du Rassemblement national, profitent jeudi d'une journée réservée à leurs textes pour pousser leurs sujets régaliens tout en espérant diviser le bloc central, et engranger des voix, notamment contre les mariages avec une personne en situation irrégulière.
Un an après la dissolution et le ralliement spectaculaire d'Eric Ciotti, ancien patron des Républicains, au RN de Marine Le Pen, l'Union des droites pour la République va bénéficier de sa toute première "niche parlementaire".
Avec au menu, entre autres, une proposition de loi interdisant l'exécution immédiate de peines d'inéligibilité.

La présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, prononce un discours à Mormant-sur-Vernisson, dans le centre de la France, le 9 juin 2025 ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )
Cette dernière a été de loin la plus commentée au moment de son dépôt, la gauche et le bloc central dénonçant une loi en réaction à la condamnation de Marine Le Pen dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN, et dont elle a fait appel.
"Ça concerne d'autres personnes. Qu'on puisse priver un justiciable de l'efficience d'une procédure d'appel parce qu'il est élu c'est un problème de droit", a défendu mercredi Eric Ciotti devant la presse parlementaire.
Mais, sauf accident de participation, le texte visé par de nombreux amendements devrait se heurter à une coalition de la gauche et du bloc central (Renaissance, MoDem, Horizons). Le gouvernement ne soutiendra pas non plus l'initiative, selon Matignon.
- Retrait d'un texte sur l'Algérie -
En tout début de journée le groupe a choisi de renoncer à une résolution, non contraignante, qui appelait notamment à dénoncer l'accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.
"Ce débat parlementaire intervient à quelques jours, le 1er juillet, de la décision, du verdict qui concerne notre compatriote Boualem Sansal", a argué Eric Ciotti.
Le parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l'encontre de l'écrivain franco-algérien, déjà condamné à cinq ans de prison en première instance notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, a salué "l'esprit de responsabilité" du groupe UDR, "pour ne pas provoquer d'escalade même verbale" risquant d'entraver les efforts diplomatiques pour obtenir la libération de l'écrivain.
- Interdire le mariage en situation irrégulière ? -
Mais sur d'autres textes, le groupe espère bien provoquer un moment de "clarification" chez LR et au centre.
Les Républicains seront "globalement favorables" aux mesures proposées jeudi, annonce un cadre du groupe. Avant de souligner qu'il n'attend pas "une très forte mobilisation" à droite, un critère potentiellement décisif pour l'UDR, qui avait réussi à faire adopter quatre textes en commission grâce à une bonne mobilisation à l'extrême droite et à des voix de la droite.
Ce fut le cas pour un texte visant à interdire le mariage pour "une personne séjournant de manière irrégulière sur le territoire national", en dépit d'alertes à gauche et au centre contre une mesure "manifestement inconstitutionnelle". L'UDR défend au contraire une loi pour "protéger les maires".

Le président français Emmanuel Macron participe à une réunion au palais de l'Elysée à Paris, le 22 juin 2025 ( POOL / Benoit Tessier )
Emmanuel Macron avait lui-même appelé à ce que soit débattue rapidement au Parlement une telle loi.
Stratégiquement, le groupe ciottiste est allé chercher une proposition de loi... centriste, adoptée au Sénat. "Malin", admet un parlementaire macroniste. Un cadre UDR reconnaît là une opportunité de "piéger" le bloc central.
L'une des mesures du texte impose aux futurs époux de nationalité étrangère de fournir au maire des justificatifs de séjour. S'il soupçonne une "absence de consentement" au sein du couple, il pourra saisir le procureur de la République.
Les sénateurs ont aussi allongé le délai du "sursis au mariage", temps d'enquête du procureur.
S'il ne pourra pas tous les défendre avant la clôture des débats à minuit, le groupe a inscrit plusieurs autres textes: pour faire participer les détenus aux frais d'incarcération, instaurer des peines planchers pour certains crimes ou délits, supprimer le calendrier d'un niveau de performance énergétique (DPE) pour les logements, ou encore pour relancer la "politique nataliste".
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