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Dans trois jours, MaPrimeRénov', le coup de pouce de l'État aux propriétaires qui veulent améliorer la performance énergétique de leur logement, ne sera plus accessible pour les rénovations globales.
« Nos clients paniquent et se sont précipités pour déposer leurs dossiers ». Depuis deux semaines, c'est la panique chez les propriétaires qui veulent améliorer la performance énergétique de leur logement. « C'est l'enfer ! Depuis une semaine, nous relisons mot par mot tous nos documents et vérifions chaque chiffre et chaque devis pour que notre dossier soit conforme », témoigne Julian, habitant de 44 ans en Seine-et-Marne (44), qui a pourtant l'habitude du stress car son métier, c'est de « dépanner en urgence sur les chantiers ». « Mais c'est fatigant à un moment ! » Dans trois jours, son projet de rénovation à 123.000 euros de sa maison de 118 m², achetée il y a 11 ans, sera mis à l'arrêt, comme tous les propriétaires qui envisagent de rénover de fond en comble leur logement, si son dossier n'est pas déposé à temps.
C'est le gouvernement qui l'a décidé. Le coup de pouce de l'État, MaPrimeRénov , sera suspendu pour toutes les rénovations globales (et pas pour les travaux isolés). Et plus tôt que prévu. À l'origine, cette aide devait être mise entre parenthèses « au plus tard le 1er juillet ». Le couperet tombera finalement une semaine plus tôt, à savoir lundi 23 juin . Ce qui oblige les propriétaires à parer au plus pressé. « Nous sommes allés à l'essentiel et avons monté notre dossier à la va-vite» , reconnaît Annie qui rénove la maison de 70 m² (habitables) de ses parents, achetée à la fin des années 50 et située « en pleine campagne » près d'Avignon, dans le Vaucluse. Mes parents, tous les deux nonagénaires, auraient été incapables de le faire. C'est une vraie usine à gaz ! »
MaPrimeRénov' moins accessible en septembre ?
Julian et Annie scrutent, heure par heure, leur messagerie pour avoir la certitude que leur dossier a bel et bien été déposé. Et qu'ils bénéficieront de MaPrimeRénov' : 70.000 euros pour l'un (coût des travaux : 123.000 euros) et 35.000 euros pour l'autre (coût des travaux : 42.000 euros). « Je paie 2000 euros par an pour être chauffé à 17/18 degrés, dans une passoire thermique qui, à part la chaudière et le ballon d'eau, n'a jamais été rénovée depuis 1955» , explique Julian qui doit récupérer une maison classée C au DPE (F actuellement) après les travaux. Annie, de son côté, a hâte que les siens démarrent rapidement. Déjà pour tourner le dos à tous les déboires qu'elle a enchaînés depuis 8 ans. « Trois experts sont venus et à chaque fois le DPE était différent : d'abord E, puis F et enfin G », s'agace cette jeune retraitée. Comme la maison a vocation à être louée, après les travaux, Annie n'a pas voulu prendre de risque car la location de logements «G» est actuellement interdite, celle des biens «F» le sera en 2028 et en 2034 pour les «E».
Depuis le début de l'année, ces travaux d'ampleur sont certes minoritaires (36% des projets) mais leur nombre a triplé en un an, selon le ministère du Logement. Depuis l'annonce de la suspension de MaPrimeRénov', « nos clients paniquent et se sont précipités pour nous pousser à déposer leurs dossiers , témoigne Camille Thomas, président d'Assistant Rénov' qui accompagne et conseille les particuliers dans leurs projets de rénovation énergétique. Nous sommes submergés de demandes. Nous avons déposé en juin trois fois plus de dossiers que les mois précédents ». Si Julian avait monté son dossier il y a sept mois, Annie assume sa précipitation. « MaPrimeRénov' fera-t-elle vraiment son retour mi-septembre ? Et si oui, à quelles conditions ? »
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