
(Photo archives) De gauche à droite, le leader étudiant d'opposition Joshua Wong, le chef de la Ligue des Sociaux-Démocrates Avery Ng, le parlementaire prodémocratie Leung Kwok-hung, dit "Cheveux Longs", et le parlementaire prodémocratie Nathan Law manifestent devant le siège du gouvernement à Hong Kong, le 30 juin 2017 ( AFP / Jayne Russell )
La Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD), l’un des derniers partis d’opposition encore actifs à Hong Kong après cinq années de répression politique menée par Pékin, a annoncé vendredi sa prochaine dissolution.
Le parti, fondé en 2006, était à une époque considéré comme la faction radicale du mouvement prodémocratie à Hong Kong. Il était connu pour ses campagnes de rue turbulentes, souvent menées par l'activiste Leung Kwok-hung, surnommé "Cheveux Longs", aujourd'hui emprisonné.
"L’année prochaine marquera le 20e anniversaire de la Ligue des Sociaux-Démocrates. Cependant, nous ne survivrons pas jusqu’à ce jour et annoncerons notre dissolution", a déclaré le parti dans un message adressé aux journalistes, ajoutant que plus de détails seront annoncés samedi.
Le mouvement a toujours milité pour plus de démocratie à Hong Kong et défendu les citoyens de base, critiquant les inégalités sociales et économiques dans une ville ayant parmi les plus importants écarts de richesse au monde.
"Lorsque le système ne peut pas représenter fidèlement les demandes du peuple et devient un outil pour la classe dirigeante, nous devons nous appuyer sur un mouvement de masse hors du système pour mettre la pression sur ceux qui sont au pouvoir", explique la LSD sur son site internet.
A son apogée, le parti détenait trois sièges au Conseil législatif de Hong Kong.
Il avait été mis en vedette en 2008 lorsque le chef du parti de l'époque, Raymond Wong, avait jeté des bananes sur le dirigeant de Hong Kong pendant son discours de politique annuel, pour protester contre des coupes dans l'aide sociale.
L'image de fauteuse de troubles de la LSD s'était atténuée dans les années 2010, lorsque des partis plus jeunes et plus radicaux avaient émergé pour contester la mainmise chinoise.

Les drapeaux chinois et hongkongais apparaissent sur un grand écran durant une cérémonie pour le cinquième anniversaire de la promulgation de la loi sur la sécurité nationale, le 21 juin 2025 à Hong Kong ( AFP / Peter PARKS )
Son déclin a commencé lorsque Pékin a imposé une loi de sécurité nationale à Hong Kong en 2020, après des manifestations prodémocratie massives l'année précédente que les dirigeants chinois ont vues comme un défi à leur pouvoir.
La Chine et le pouvoir hongkongais ont affirmé que cette loi était nécessaire pour calmer les troubles politiques, mais pour de nombreux critiques, le texte a permis d'étouffer les dissidents et de restreindre les droits des citoyens.
- Centaines de militants arrêtés -
Membre du Conseil législatif de Hong Kong de 2004 à 2017, Leung Kwok-hung, figure de proue de la Ligue des Sociaux-Démocrates, avait été arrêté une première fois en 2021. Avec 44 autres militants prodémocratie, il a été condamné l'an dernier à six ans et neuf mois de prison, dans le plus grand procès organisé à Hong Kong pour atteinte à la sécurité nationale, déclenchant une vague de protestations internationales.
Le parti a organisé de petites manifestations ces dernières années, souvent sous forte surveillance policière.
Quatre membres du mouvement, dont son actuel dirigeant Chan Po-ying, ont été condamnés à des amendes courant juin pour avoir porté des vêtements noirs et récolté de l'argent "sans autorisation" dans des campagnes de rue.
Dickson Chau, un vice-président de la LSD, a déclaré au tribunal pendant le procès que les militants voulaient promouvoir le progrès social mais que "malheureusement, la réponse du gouvernement est les poursuites judiciaires".
Les activistes du parti font partie de la poignée de Hongkongais qui commémorent encore publiquement l'anniversaire de la répression de la place Tienanmen en Chine en 1989, malgré l'interdiction du gouvernement.

(Photo archives) Les parlementaires du Conseil législatif de Hong Kong votent l'article 23 de la loi sur la sécurité nationale, le 19 mars 2024 à Hong Kong ( AFP / Peter PARKS )
De nombreux mouvements de la société civile ont disparu depuis que la loi sur la sécurité nationale est entrée en vigueur, et des centaines de militants ont été arrêtés, emprisonnés ou sont partis en exil.
Le Conseil législatif de Hong Kong ne compte désormais plus aucun opposant depuis que les autorités ont modifié les règles électorales en 2021 afin que seuls les "patriotes" puissent y détenir un siège.
Le Parti démocratique a annoncé il y a quelques semaines avoir commencé son processus formel de dissolution. Le Parti civique a cessé son activité en 2023.
Regina Ip, présidente du Conseil exécutif de Hong Kong, a déclaré mercredi lors d'un entretien à l'AFP que les partis d'opposition "ont causé un grand préjudice à Hong Kong et au bon fonctionnement" du Conseil législatif. "C'est une bonne chose qu'ils soient obligés de réduire" leurs activités, selon elle.
Pour Maya Wang, de l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch, la dissolution de la LSD montre le niveau de la répression menée à Hong Kong par la Chine.
"Ses membres ont défendu haut et fort la démocratie pendant des années et ont continué à le faire malgré le harcèlement croissant et l'emprisonnement sévère après la loi de sécurité nationale", a-t-elle estimé dans un email à l'AFP. "On ne peut qu'imaginer quel genre de menaces supplémentaires le groupe a subi de Pékin avant de décider de fermer boutique"...
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