(AOF) - Kering subit de logiques prises de bénéfices (-1,42 %, à 190,14 euros) après avoir bondi hier de 11,76 % à la clôture. Le titre avait été porté par des rumeurs évoquant l’arrivée de Luca de Meo, transfuge de Renault , à la direction générale. Le géant du luxe a officialisé lundi soir cette nomination. De son côté, l’action Renault cède 0,10% à 39,26 euros après avoir chuté de 8,69 % la veille, avec l’annonce du départ inattendu de son DG.
"Le Conseil d'administration de Kering, réuni sous la présidence de François-Henri Pinault, a approuvé, sur proposition du comité des nominations et de la gouvernance, la nomination de Luca de Meo, ex-Renault, au poste de directeur général du groupe", a confirmé Kering dans un communiqué. Luca de Meo prendra ses fonctions le 15 septembre 2025.
"Dans le cadre d'une gouvernance renouvelée, la présidence du conseil d'administration, exercée par François-Henri Pinault, sera séparée de la fonction de directeur général", précise Kering.
Ces changements prendront effet par décision du conseil d'administration tenu à l'issue de l'assemblée générale qui sera convoquée le 9 septembre.
"Dès 2023, j'ai engagé une réflexion sur l'évolution de la gouvernance du groupe. C'est dans ce cadre que j'ai rencontré Luca de Meo. Son expérience à la tête d'un groupe international coté, sa compréhension fine des marques, son sens d'une culture d'entreprise forte et respectueuse, m'ont convaincu qu'il était le dirigeant que je recherchais pour insuffler une nouvelle vision et piloter ce chapitre de l'histoire de notre groupe." , a souligné François-Henri Pinault, PDG du groupe Kering.
Luca de Meo aura désormais la lourde tâche de redresser les comptes de géant du luxe qui reste sur un mauvais exercice 2024. Au premier trimestre 2025, ses ventes sont en fort repli de 14% tant en données publiées qu'en comparable, à 3,9 milliards d'euros. Les ventes de sa griffe phare Gucci sont tombées à 1,6 milliard d'euros, en recul de 24% en données publiées et de 25% en comparable.
Son manque d'expérience dans le luxe en question
Avant l'annonce officielle de l'arrivée de Luca de Meo, le bureau d'études Alphavalue expliquait hier dans une note que "Kering n'est ni un groupe de luxe diversifié comme LVMH, ni une entité à marque unique comme Hermès". Son orientation stratégique et sa structure de gestion doivent être clarifiées. Cependant, l'arrivée potentielle de Luca de Meo ouvre un nouveau chapitre pour Kering. Même si ce dernier a réalisé l'ensemble de sa carrière dans l'automobile, l'analyste juge qu'il possède " une solide réputation dans le domaine du marketing, de la communication et du redressement de marques ".
De son côté, UBS considère favorablement cette arrivée car elle apporte une perspective fraîche à une entreprise, qui avaient recruté en interne ces dernières années. Toutefois, le broker souligne que "certains investisseurs s'inquiètent que la nouvelle recrue n'a pas d'expérience préalable dans l'industrie du luxe, ce qui pourrait être considéré comme crucial pour remédier à l'absence de croissance du chiffre d'affaires du groupe dans un contexte sectoriel défavorable". La crainte est que l'accent soit mis sur la réduction des coûts.
Barclays fait part des mêmes craintes : " le secteur du luxe nécessite plus que des initiatives de réduction des coûts pour être performant " ont expliqué certains investisseurs. " À ce stade, il est difficile d'évaluer sa capacité à redresser Gucci et à rétablir la désirabilité de la marque, mais en tout état de cause, nous continuons de penser que le redressement de Gucci prendra du temps et que la marque ne renouera avec la croissance qu'en 2026 ", signale la banque britannique.
Surprise et incertitude après son départ de Renault
Chez tous les analystes, comme pour les investisseurs hier, ll s'agit d'une véritalbe " surprise ". Le départ de Luca de Meo n'était pas du tout prévisible, d'autant que des échéances importantes sont attendues en novembre avec la présentation de Futurama, le nouveau plan stratégique de Renault. Parmi les rares éléments qui ont fuité concernant ce plan, UBS indique qu'il s'agira d'investir dans l'innovation produit, de développer l'activité et d'élargir le périmètre au-delà du secteur automobile (énergie, banques…).
La perte du titre lundi (-8,69 %) prouve à quel point les investisseurs ont été surpris et inquiets de son départ. Entre sa prise de fonction le 1er juillet 2020 et son départ par exemple, le cours de bourse de l'action Renault est passé de 21,5 à 43,04 euros, soit un bond de 100,19 %.
" Cette incertitude est aggravée par le départ inattendu du directeur financier Thierry Piéton en février 2025 ", relève AlphaValue
Le bureau d'études note que depuis l'arrivée de Luca de Meo à la direction générale de Renault, le groupe a connu " un renouveau notable, mettant l'accent sur l'amélioration des marges, les économies de coûts et l'identité de la marque ".
Les analystes demeurent unanimes sur le fait que Luca de Meo a redressé Renault Group pendant les cinq années où il était aux manettes et tous s'accordent pour dire que grâce à lui, les fondamentaux de l'entreprise sont solides.
Son successeur pourrait donc pouvoir surfer sur cette vague. Pour l'instant, plusieurs noms circulent. En interne, celui qui revient le plus souvent est celui de Denis le Vot, actuel directeur général de Dacia. Il y a également celui de Josep Maria Recasens, qui occupe actuellement le poste de directeur général chez Ampere après avoir été responsable de la stratégie du constructeur depuis 2021.
En externe, le nom de Maxime Picat est cité parmi les prétendants. L'actuel directeur des achats chez Stellantis pourrait plier bagage après la déception de ne pas avoir été choisi pour succéder à Carlos Tavares.
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